Les mitochondries sont des organes cellulaires minuscules qui font de véritables miracles. À des tensions électriques qui nous feraient littéralement dresser les cheveux sur la tête, ces fascinantes centrales électriques peuvent produire 10 000 à 50 000 fois plus d'énergie que le soleil – rapporté à leur poids. Raison de plus pour faire sortir les mitochondries de l’ombre et nous plonger dans leur univers en les mettant sous les feux de nos projecteurs scientifiques.
Que sont les mitochondries ?
Les mitochondries sont des minuscules organites cellulaires* présentes dans toutes nos cellules corporelles, à l’exception des cellules sanguines. Souvent appelées « les centrales électriques des cellules », ces avortons d’env. 0,75 à 3 µm font honneur à leur nom. En effet, comme une centrale éolienne peut transformer les mouvements de l’air en électricité, les mitochondries peuvent transformer les nutriments de notre alimentation en une forme d’énergie utilisable par nos cellules (= « ATP »).
Ce faisant, certaines cellules n’hébergent pas autant de mitochondries que d’autres. Leur nombre varie en fonction de l’activité métabolique et des besoins en énergie de l’organe concerné. Les mitochondries sont particulièrement denses dans les cellules nerveuses, musculaires, sensorielles et les ovocytes. Ainsi, plusieurs milliers de mitochondries peuvent travailler dans une seule cellule du myocarde, représentant un volume de ~36 %. Toutefois, les ovules matures sont les leaders en mitochondries, avec une capacité d’accueil allant jusqu’à 100 000 mitochondries.
Qu'est-ce qu'une organite ?
On appelle organite une zone délimitée dans une cellule qui a une fonction particulière.
Fonction et tâches dans le corps
Du rythme cardiaque à la respiration ; notre corps a besoin d'être continuellement alimenté en énergie. Afin d’éviter d’épuiser complètement son « énergie vitale », notre réseau de mitochondries produit quotidiennement une quantité d’ATP (= énergie métabolique utilisable) correspondant à notre poids corporel. Ce faisant, les centrales électriques cellulaires infatigables ne font aucune pause. En effet, si la production d’ATP devait s’interrompre abruptement, nous n’aurions plus que quelques secondes à vivre. Il est d’autant plus important que la production d’énergie des mitochondries, vitale pour nous, continue à marcher.
Le respiration cellulaire – la production d’énergie « mitochondriale »
Si nous voulons étudier la chose de plus près, jusqu’aux formations cellulaires en forme de bâton, nous constatons que la production d’énergie à partir des nutriments - appelée respiration cellulaire dans le jargon professionnel - se déroule en plusieurs étapes :
1.) la glycolyse
2.) la décarboxylation oxydative
3.) le cycle de citrate et
4.) la chaîne respiratoire.
Dans la chaîne respiratoire, la dernière étape de la respiration cellulaire, l’énergie libérée au préalable est stockée dans de petites « batteries à énergie » (= ATP) pendant une courte période et immédiatement réquisitionnées pour le processus métabolique de la cellule.
Autres tâches et fonctions
En plus de leur rôle phare de centrale électrique des cellules, les mitochondries remplissent également d’autres tâches importantes. Elles participent notamment à la croissance cellulaire, à la communication cellulaire, à la mort cellulaire programmée (apoptose), à la réponse immunitaire, à l’équilibre oxydatif et à la production de globules rouges ainsi que de nos hormones sexuelles.
Pour les renards malins !
Les quatre types les plus importants de mitochondries sont...
- Type cristae
- Type saccule
- Type prisme &
- Type tubulaire
La fatigue et sa relation avec les mitochondries
Notre corps abrite 30 billions de cellules contenant chacune plusieurs centaines à plusieurs milliers de mitochondries. Ce réseau mitochondrial dynamique nous fournit de l'énergie en permanence. Mais tout comme les batteries de téléphones portables, d'ordinateurs portables et autres flanchent à un moment où à un autre,
nos mitochondries ne sont pas non plus immortelles.
Vers 30 ans, le nombre et l’activité des mitochondries commencent à baisser. Des contraintes telles que le stress, les substances environnementales nocives, le manque de sommeil et la malnutrition peuvent en outre conduire à des problèmes supplémentaires pour le réseau mitochondrial. Tous ces processus se reflètent également à terme au niveau énergétique. Ainsi, l’énergie et les performances diminuent avec l’âge, une fatigue générale s’insinue.
Cette évolution négative peut être attribuée entre autres au fait que des lésions de protéines et d’ADN s’accumulent dans les mitochondries au fil des ans, entraînant des troubles fonctionnels (= « dysfonctionnement mitochondrial »). Tandis que pendant de nombreuses années l’opinion scientifique prévalente était que les dysfonctions mitochondriales étaient rarement des troubles métaboliques, ces troubles sont aujourd’hui au centre des préoccupation de nombreux médecins et chercheurs/ chercheuses. Ainsi, le dysfonctionnement mitochondrial semble jouer un rôle non seulement dans le processus de vieillissement, mais aussi dans l’apparition de maladies liées à l‘âge (p. ex. maladies neurodégénératives, maladies cardiovasculaires).
La structure des mitochondries et leur apparition
Avec une taille moyenne d’environ 0,75 à 3 µm, les mitochondries comptent parmi les plus petits organes cellulaires. Sur les reproductions de cellules, ces formations se reconnaissent à leur forme ovale et leur double membrane (= couche de séparation).
La double membrane est lisse à l’extérieur, pliée à l’intérieur, créant ainsi une compartimentation (à savoir deux espaces séparés l’un de l’autre) : l’espace matriciel qui se trouve au milieu, et l’espace intermembranaire situé entre l’espace matriciel et la membrane externe.
Les replis importants de la membrane intérieure permettent d’atteindre une surface particulièrement grande offrant un espace pour d’innombrables processus biochimiques. En revanche, l’espace intermembranaire renferme les substances et enzymes les plus variées qui peuvent être échangées avec l’environnement via la membrane externe.
L'ADN mitochondrial : un patrimoine héréditaire avec une histoire
Les mitochondries sont différentes. Contrairement à d’autres organites, non seulement une double membrane les enveloppe, elles possèdent également leur propre ADN. Mais d’où cela vient-il ?
La science actuelle part du principe qu’il y a plus de 1,6 milliard d’années, les précurseurs de nos cellules sont entrés en symbiose avec des bactéries originelles, des « sous-locataires » qui, ayant évolué aujourd’hui en mitochondries, jouent un rôle clé dans le métabolisme cellulaire. Les bactéries originelles d’antan disposent toujours d’un ADN propre (= ADN mitochondrial) renfermant des informations différentes de notre patrimoine génétique normal.
Du point de vue de sa structure, l’ADN mitochondrial est certes plus court que celui du noyau cellulaire, mais il existe en plusieurs copies. Cette particularité permet aux mitochondries de se multiplier de manière autonome et indépendamment de la cellule. Comme pour les bactéries, il se produit une division transversale dans laquelle une copie exacte de l’information génétique est transmise.
Fun Fact : les bactéries entre elles
Les mitochondries ne peuvent pas sortir de leur peau. Tout comme les bactéries, elles communiquent entre elles à travers le corps et répartissent ainsi le stress mitochondrial tout autant que les « vibes » positives. Et nos mitochondries échangent même avec nos bactéries intestinales.
La dysfonction mitochondriale – les centrales cellulaires en difficulté
La production d’énergie dans les mitochondries fonctionne comme sur des roulettes dans notre jeunesse. Toutefois, un stress oxydatif ou nitrosatif trop important peut perturber les centrales cellulaires fragiles au fil des ans et endommager leurs structures et leur hérédité.
Si ces troubles persistent, des réels troubles de la fonction mitochondriale (= dysfonction mitochondriale) peuvent se produire, entraînant non seulement une détérioration de la production d’énergie, un stress oxydatif et des inflammations systémiques, mais aussi des symptômes bien perceptibles. Il s’agit notamment des troubles de l’épuisement, des troubles de la concentration et de la mémoire ainsi que des troubles musculaires. De plus, la recherche médicale montre toujours plus clairement que les dysfonctions mitochondriales jouent également un rôle dans l’apparition de maladies liées à l’âge telles que le diabète, les maladies cardiovasculaires ou les maladies neurodégénératives.
Renforcer les mitochondries
La bonne nouvelle est que nous n’avons pas à regarder impuissants nos mitochondries partir à vau-l’eau. Il existe ainsi des produits et des moyens simples pour renforcer ces minuscules centrales cellulaires et les maintenir dans un état optimal.
1. Une alimentation saine – pauvre en sucre, riche en substances vitales
Comme pour de nombreux aspects de la santé dans la vie, l’important pour nos mitochondries est d’avoir une bonne alimentation. Les aliments les plus appréciés par nos centrales électriques cellulaires doivent être riches en substances vitales, faibles en substances nocives et avec un niveau glycémique correct. En effet, alors que les mitochondries sont « tout feu tout flamme » avec le sucre pour produire de l’énergie, un excédent de sucre permanent peut entraîner l’apparition d’une résistance à l’insuline et perturber le métabolisme mitochondrial.
Une alimentation saine avec beaucoup de fruits, de légumes et de graisses saines permet de fournir des micronutriments bons pour les mitochondries en abondance, micronutriments dont nos centrales électriques cellulaires ont un besoin urgent comme substances de protection et comme matières premières. Ces substances vitales peuvent également être prises de manière ciblée sous forme de complément alimentaire.
2. Compléments alimentaires pour soigner les mitochondries
Renforcer les mitochondries avec la coenzyme Q10
La coenzyme Q10 (CoQ10) est importante pour nos mitochondries à deux points de vue : D’une part, cette substance similaire aux vitamines sera l’étincelle qui lance la chaîne de réactions dans les mitochondries. D’autre part, le CoQ10 a un effet antioxydant et protège nos centrales cellulaires des dommages causés par les radicaux libres. Bien que la coenzyme Q10 puisse être produite par notre propre organisme dans une certaine mesure, cette capacité diminue à partir de 30 ans. En même temps, au fil des ans, nous perdons également en performance, en vitalité et en énergie. La prise ciblée de coenzymes Q10 ou de sa forme active « ubiquinol » peut aider à maintenir le niveau de coenzyme Q10 à un niveau optimal.
Matériaux mitochondriaux : vitamines B, magnésium et autres
Afin de pouvoir produire de l'énergie au maximum, les mitochondries n'ont pas seulement besoin de « carburants » (p. ex. glucides), mais aussi d'une série de matériaux (cofacteurs) sous forme de micronutriments spéciaux. Certaines vitamines B (p. ex. vitamine B1, B2, B3, B12), le magnésium, le fer, le cuivre, le manganèse et de l'acide alpha-lino-adénine en font partie. En cas de manque de matériaux, nos centrales cellulaires ne peuvent plus fonctionner impeccablement – leur rendement énergétique diminue.
Substances protectrices des mitochondries – les antioxydants
Lors de la respiration cellulaire, des radicaux libres utilisables pour différents processus dans le corps (p. ex. les défenses immunitaires) sont produits. Normale jusqu’à un certain niveau, une formation excessive de radicaux libres peut toutefois entraîner un stress oxydatif pouvant endommager les cellules et les structures cellulaires (p. ex. les mitochondries). Afin de prévenir d’éventuels dégâts des radicaux libres, les mitochondries sont équipées d’un puissant bouclier de protection. Il se compose notamment une ribambelle d'antioxydants tels que les coenzymes Q10, la vitamine C, la vitamine E et l’acide alpha-linolénique.
1. Activer les mitochondries avec de l’exercice et du sport
Le sport d’endurance ne renforce pas seulement nos muscles, il entraîne également les mitochondries et les incite à se multiplier. Un mécanisme qui a une certaine logique quand on regarde de plus près ! En effet, en cas de besoin accru en énergie, nos centrales cellulaires doivent aussi veiller à ce que notre organisme ne perde pas son souffle.
Il convient toutefois de noter que le sport ne fait pas seulement gagner des mitochondries aux fibres musculaires, l’effet s’observe également dans le cerveau.
IHHT : une forme particulière d’entraînement des mitochondries
Quand l’air se raréfie dans les cellules, notre organisme met en place un mécanisme qui doit, entre autres, assurer une survie aussi longue que possible grâce à une production d’énergie adaptée. Ce processus utilise le « traitement par intervalle hypoxie-hyperoxie (IHHT) », une forme très spéciale d’entraînement des mitochondries. Dans ce traitement, le patient inhale alternativement de l’air pauvre en oxygène (hypoxie) et de l’air riche en oxygène (hyperoxie) via un masque respiratoire.
Des études scientifiques montrent que les mitochondries affaiblies par l’hypoxie commencent à mourir. Cette mort de mitochondries semble contre-productive à première vue, mais elle incite les mitochondries saines à se diviser et à optimiser la production d’énergie. Il est ainsi possible d'obtenir différents effets positifs, notamment dont l’activation de la combustion des graisses, l’amélioration de la résistance physique et mentale ainsi que le renforcement des défenses immunitaires.
2. Le jeûne comme processus de nettoyage des mitochondries
Le jeûne n’aide pas seulement notre corps à éliminer les kilos excédentaires, renoncer
à s’alimenter lui permet également de se libérer des mitochondries défectueuses et de stimuler la formation de nouvelles centrales cellulaires.
Le jeûne peut lancer le processus dit « d’autophagie » dans les cellules. Ce programme d’auto-nettoyage aide à éliminer les protéines défectueuses jusqu’aux organites entiers (comme par ex. les mitochondries) et à les recycler. C’est important pour la vitalité des cellules dans la mesure où les mitochondries défectueuses (ou autres matériaux endommagés) ont un impact sur notre santé cellulaire et peut coûter beaucoup dans le pire des cas.
3. Renforcer les mitochondries pendant le sommeil
Le sommeil est extrêmement important, non seulement pour notre bien-être personnel, mais aussi pour la vitalité de nos mitochondries. En définitive, le corps utilise cette pause pour régénérer aussi bien notre corps que notre cerveau. Des études montrent qu’un manque de sommeil entraîne un stress oxydatif accru et que les enzymes antioxydantes sont moins actives. Un lien entre le manque de sommeil et les changements dans les structures mitochondriales a également pu être démontré.
Peut-on reconnaître la fonction des mitochondries dans la formule du sang ?
Les laboratoires modernes proposent désormais des mesures spéciales pour évaluer la fonction mitochondriale. L’un des marqueurs de laboratoire les plus significatifs est l’« indice de santé bioénergétique » (BHI), un test sanguin qui fonctionne comme un type de contrôle de norme CE des mitochondries. Votre médecin sera heureux de vous conseiller.
Bilan : Les mitochondries sont des centrales électriques cellulaires qui, par leur travail infatigable, maintiennent en vie le miracle qu’est l’être humain. Malheureusement, leur puissance diminue avec l'âge. Il est d’autant plus important de maintenir le réseau corporel des mitochondries avec une alimentation riche en substances vitales, un sommeil suffisant, des sports d’endurance et des périodes de jeûne. En outre, la prise ciblée de micronutriments bénéfiques pour les mitochondries peut renforcer ces minuscules centrales cellulaires.
Questions fréquentes sur le thème des mitochondries
La tâche principale des mitochondries est de transformer les aliments que nous ingérons en énergie utilisable. De plus, ces organites minuscules sont impliqués dans la croissance cellulaire, la communication cellulaire, la mort cellulaire programmée, la réponse immunitaire, l’équilibre oxydatif ainsi que la production de globules rouges et d’hormones sexuelles.
Les mitochondries aiment les sports d’endurance, un sommeil suffisant, des périodes de jeûne et une alimentation saine et nourrissante. De plus, des compléments alimentaires spéciaux avec des micronutriments « favorables aux mitochondries » peuvent aider à renforcer de manière ciblée les centrales électriques cellulaires.
Les ovules matures sont considérés comme leaders dans cette course, avec une capacité allant jusqu’à 100 000 mitochondries.
Sources
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